jeudi 1 décembre 2016

Vis ma vie de maman en Suisse

Il existe un pays où les enfants commencent l'école à 4 ans (et encore, 4 ans REVOLUS), où lesdits enfants de 1ère année n'ont pas école l'après-midi et une journée entière dans la semaine. Un pays où les enfants un peu plus grands terminent l'école à 15h20, ce qui n'est pas bezef... et encore, quand ils ont école l’après-midi. Dans ce pays, le parascolaire, c'est-à-dire, cantoches et garderies, sont conditionnées à un contrat de travail en bonne et due forme.

Vous aurez deviné, et le titre de ce blog vous a un peu aidés, hein ??, ce pays, c'est la Suisse (romande).
Ajoutez à cela un Husband qui travaille beaucoup et fait beaucoup plus d'heures qu'en Norvège, qui est donc moins présent à la maison (MAIS QUI PARTICIPE BEAUCOUP QUAND MÊME, j'veux pas d’ennuis). 

Vous aurez deviné que tout ça n'est pas sans conséquences sur ma petite personne en général, et sur ma santé mentale en particulier.

Mais comment en est-on arrivé là ? Oui, comment ?
En Suisse, les rythmes scolaires sont calqués sur les rythmes scolaires allemands, petite journée pour tout le monde. Et encore, l'âge de l'entrée à l'école était fixé à 5 ans il y a encore quelques années, avec des horaires différents pour les petits et les plus grands. Genre, 8h15  pour les uns et 9h pour les autres, histoire de corser l'affaire !!
Idéologiquement, la place des mamans est à la maison, et même si elles travaillent presque toutes aujourd'hui, c'est toujours à temps partiel, 50%, ou 60%, rarement plus. Pas de congé parental, 14 semaines de congé mat' (instauré en 2005 !), pas de congé paternité en dehors des 2-3 jours réglementaires, d'ailleurs le sujet a été enterré par le Conseil des Etats car jugé non prioritaire. Voyez la place qu'on accord aux Braillards dans ce pays. Conséquence, les femmes ne font pas de gosses, 1 ou 2 grand max. Mouais, quel choc par rapport à la Norvège et même par rapport à la France, où la jeunesse représente l'avenir. ! Je le vois tous les jours, le regard porté sur les Braillards en général est peu bienveillant, je me mange régulièrement des remarques pas sympas sur les miens, dans la rue ou les transports. D'ailleurs je suis en train de rentrer dans une logique de révolte sourde, et de me porter en faux contre cette hostilité à peine cachée de la part de gens d'un certain âge vis à vis de mes fistons. En clair, pète ta gueule les vieux.

Je ferme cette parenthèse sociologique qui vous aura, j'en suis sûre, instruits et passionnés, pour revenir à encore plus intéressant... nous. 

Vous l'aurez compris, je passe beaucoup de temps avec mes Braillards, beaucoup plus qu'en Norvège. On a ainsi développé tous les 3, Braillard1, Braillard2 et moi-même, une petite vie à nous. Une vie faite à la fois de routine et de choses extraordinaires, de trajets immuables entre l'école et la maison (souvent 2 allers-retours par jour), centrés sur notre bus, j'ai nommé le 102, un genre de Graal qui nous est personnel, si on le rate heureusement on a les bus 107 ou 109 qui nous ramènent non loin de la maison. 

Une vie faite de petits soucis, une tonne de petits soucis, un petit élément perdu de Docteur Maboule, alors qu'on avait emprunté le jeu à la ludothèque, on a retrouvé le petit os en plastique un peu plus tard et c'est toute notre journée qui a été illuminée. Le sac à dos de Braillard1, interverti par erreur avec celui d'un autre enfant au cours de judo, et c'est l’événement de la semaine : retrouvera-t-on les affaires de judo mardi prochain ? Le 102 (c'est notre bus, suivez un peu) qui nous passe sous le nez, aaahhh, à 20 secondes près, on l'avait, Braillard1 râle. 
Il y a quelques semaines, Braillard1, encore lui, a retrouvé dans le lac de Neuch' un sac à main abandonné, avec tous les papiers/cartes bleues éparpillés dans l'eau, toute la vie d'une nana était dans ce sac, vous imaginez l’événement dans notre petite vie, nous avons ramené presque fièrement le sac trempé au commissariat du coin. Les Braillards m'en parlent encore..

Oui, je sais, pendant ce temps, des gens sauvent le monde, et prennent des décision majeures pour la bonne marche de la planète, mais que voulez-vous, il faut bien que Docteur Maboule soit rendu complet à la ludothèque de Neuchâtel. 

Qui dira la fatigue morale que je ressens certains jours, le trop plein par rapport aux Braillards, les accès d'insolence du grand, les demandes d'attention incessantes du petit, il faut être ferme avec eux, dans la douceur, les écouter sans se laisser faire, les surveiller sans les étouffer, mission impossible pour moi alors que je passe autant de temps avec eux. Mais je ne suis pas la seule à friser le burn-out, je le vois bien dans le regard fatigué et un peu résigné des mamans que je croise, surtout le mercredi. 

Qui dira l'incroyable chance de voir grandir mes Braillards ? Je vais souvent avec Braillard2, 4 ans et demi, boire un café quand Braillard1 est à l'école l'après-midi, je l'initie à l'art du bistrot, je vois bien qu'il est content de partager ce moment avec moi, dans quelle vie aurai-je pu avoir la chance de vivre ces instants ? La chance de pouvoir lui lire des histoires ou faire des jeux au calme l'après-midi. Nos repas au MacDo ou la crêperie, toujours la même table pour trois. 
La chance d'être saisis tous les 3 par la beauté des Alpes enneigées surplombant le lac de Neuch' , de passer du temps au Jardin Anglais sous le soleil d'automne, la liberté de se dire "allez on rentre à la maison, il est tard" alors qu'il est 16h30, une liberté qui prend tout son sens quand je pense à la vie qu'on aurait à Paris si on n'était jamais partis. Et puis j'ai la chance d'avoir droit à une cantine pour mes Braillards, le mercredi, justifiée par mes heures de formation du DAEFLE (rappelez-vous). J'ai donc une longue matinée à moi par semaine, des heures un peu fébriles dont j'essaie de profiter au max. 

Finalement, une vie faite de joies et de peines, de hauts et de bas, une vie de maman en Suisse, d'ailleurs je vous laisse, il faut que j'aille vérifier si on n'a pas de livres en retard à rendre demain à la bibliothèque de Neuch'.

Allez, tout de bon !

vendredi 14 octobre 2016

Suisse/Norvège, le match,1ère période

Quand on quitte un pays étranger pour un autre pays étranger, la tentation est grande de comparer les deux pays. Je me rends compte que c'est avec la Norvège que je compare la Suisse, et non avec la France. MAIS la région de Suisse où nous vivons, limitrophe de la France et francophone, ressemble à la France sur de nombreux points. Ils suivent ? On dit que la Suisse ressemble un peu à la Norvège, et vice-versa, que la France ressemble à la Suisse et vice-versa mais la Suisse étant un assemblage de cantons bien différents, le canton de Neuchâtel, en suisse romande, me semble bien "latin" par rapport à la Norvège. 
Bref j'ai les cheveux qui fument, je m'embrouille, je vous embrouille et je sens que je vous perds. Venons-en aux faits. Alors des impressions comme ça, en vrac... 

Le climat, ah ah ah , parlons en.... Je me marre depuis plusieurs semaines déjà. Alors précisons que la période piscine-canicule est belle et bien terminée évidemment. Une période de rafraîchissement s'est installée, mettons 12°, allez même 10°, soyons fous, prenez tout, c'est pour moi. Et là que vois-je ? Des enfants à l'école super couverts, avec anorak et bonnets, des gens avec des manteaux.! N'ont ils pas perdu la tête, avec tout le respect que je dois aux Suisses ? A l’extérieur, Braillard1 se distingue en tee-shirt et pull, et encore je dois insister pour qu'il le mette, le pull, histoire de ne pas passer pour une mère totalement indigne. Ah ah ah, mais quand on vient de passer 3 ans en Norvège, c'est un spectacle surréaliste de voir tous ces gens emmitouflés à cette époque de l'année. Jusqu'à 0 degrés, je considère qu'Il NE FAIT PAS FROID, qu'on se le dise. On commencera à s'affoler quand les températures seront négatives. 
Par contre,et là je fais mon Evelyne Dhéliat, l'énorme brouillard qui s'accroche aux montagnes, en haut de la ville, depuis quelques jours, me fait craindre un froid humide contrairement au froid sec d'Oslo. Pas bon pour bibi, maintenant que j'ai passé la barre des !^¨%? ans.

Concernant l'argent, qui est, comme chacun sait le nerf de la guerre, tout me semble super cher ici.  
Pour votre information, 1€=1.10 CHF, résultat, on convertit tout en euros et ça fait mal.. café à 3 francs minimum, 1 paquet de cartes de Pokémon à presque 8 francs (ben quoi, le prix de la carte de Pokémon est référencée en tant qu'indicateur du coût de la vie par les plus hautes institutions mondiales), les loyers bien sûr (notre appart-terrasse), le coiffeur à 80 francs pour une simple coupe.. 
Sachant que la région de Neuchâtel est la moins chère de Suisse ! D'ailleurs, le canton de Neuchâtel enregistre le plus fort taux de chômage du pays (5.8%, en France on sauterait au plafond de joie). Ce qui fait de cette zone francophone un genre de parent pauvre de la Suisse, un peu comme il y a toujours un tonton alcoolo aux réunions de famille... mais je m'égare.  
Tout ça pour dire, avouer plutôt, que oui, nous allons faire nos courses en France dans ce riant département du Doubs qui se trouve de l'autre côté de la frontière. Pour notre défense, je dirais que sur les parkings des supermarchés et zone commerciales là bas, il y a la moitié de plaques d'immatriculation suisses. 

Habile transition pour vous parler d'un des plus gros changements par rapport à la Norvège, la bouffe ! On va pas se mentir, c'est vraiment top de retrouver la bouffe à la française (rappelez vous).
Non pas que je n'ai pas apprécié les kjøtbolle, les fiskekake et autres pølse en Norvège, mais c'était plutôt un acte volontaire comme preuve de ma volonté d'intégration dans mon nouveau pays. Ici, pas la peine de me forcer, je suis sur-intégrée-assimilée. Penser à faire un post sur le chocolat.

J'aurais de nombreux trucs à vous raconter encore, mais c'est la mi-temps dans mon match Suisse/Norvège. Vivement la 2ème période (de jeu, suivez un peu, merde !)

Allez, tout de bon !


mercredi 7 septembre 2016

La vie dans la maison de Suisse

La maison de Suisse, c'est ainsi que Braillard1 et Braillard2 appellent notre appart actuel, comme pour s'accrocher à un repère fixe dans cette marée de changements de logements.
Je ne sais plus où j’habite, ni dans quel état j'erre. Je ne peux plus voir la gueule d'un carton et j'ai mis des gousses d'ail tout autour des valises de la maison, "vade retro valisas"... Hum, pardon.
Pour vous qui me suivez depuis nos débuts en Norvège http://unenouvellevieinnorway.blogspot.ch/, bienvenue dans ma nouvelle vie. Pour les autres, bienvenue aussi.

Un mois dans un airbnb à Oslo pour finir l'année scolaire pendant que mon Husband commençait le boulot en Suisse, puis départ pour la France en transit, puis Neuch', puis vacances en France pendant 15 jours et enfin retour chez nous, dans notre chez nous à nous auquel on s’agrippe comme un noyé à sa bouée orange, histoire d'avoir un point de repère fixe.

Bien sûr, j'aurai tout un tas de trucs à vous raconter sur cette délicate période de transition, des anecdotes marrantes que je vous aurais racontées avec l'humour et la finesse qui me caractérisent. J'aurais pu vous raconter la tristesse de quitter certaines personnes lors de mon départ de Norvège, j'aurais pu vous raconter la beauté de l'océan dans les Landes pendant nos vacances, j'aurais pu vous décrire l'éclat incroyable des Alpes enneigées au dessus du lac de Neuch', j'aurais même pu évoquer le burn-out maternel qui me guette...

Mais on verra plus tard, pour l'instant je vais vous parler de la maison de Suisse, notre point d'ancrage à tous les 4 (5 avec le chat, vous allez voir qu'elle est directement concernée).
La maison de Suisse, donc. Un havre de paix dans un pays symbole de paix. 
On s'est dit qu'on avait qu'une vie et qu'il fallait en profiter, bref on a fait des frais, j'adore cette expression, pour être bien chez nous..

Nous avons un grand dressing attaché à notre grande chambre, le rêve de tout un chacun, avec plein de placards pour ranger des cravates Smalto et des escarpins Louboutin... seulement, mon Husband et moi, n'avons rien de tout ça, nous n'avons même pas assez de fringues pour remplir ce bel espace. Le beau dressing est donc devenu un genre d'espace de stockage, où se mêlent casques de vélo, mes patins à glace (rappelez-vous), nos chaussures de montagne, les fringues de Braillard2, les cartons de divers objets... Y'a pas les skis de fond, mais c'est pas loin. Rien de glamour, donc. Un joyeux bordel qui ne correspond en rien à l'esprit du lieu, très Paris Hiltonien. 

Le (grand) salon se prolonge par un jardin-terrasse, avec vue sur le lac, qui a tapé dans l'oeil de mon Husband dès qu'il l'a visité et dont nous avons toujours rêvé pour les Braillards. On ouvre les grandes baies vitrées et le jardin s'offre à nous. Là encore, rien n'est laissé au hasard. Tout est beau, de la table en verre au mobilier de jardin d'exception, laissés par les proprios. Et attention, nous avons un robot tondeur pour la pelouse ! Il y a deux mois, je ne savais même pas que ça existait. Oui, si vous me suivez depuis un moment, il s'agit du petit frère de notre aspirateur robot, Bobby. Pour des raisons que je ne saurais m'expliquer, c'est moi qui suis en charge de la gestion de l'engin. A force de bûcher sur le mode d'emploi, de faire des tests de hauteur de coupe de l'herbe, à coup de déductions et d’observations, on peut dire aujourd'hui que j'ai une bonne maîtrise de la bête. Je l'engueule aussi, quand il ne bosse pas bien, pour pas faire de jaloux avec Bobby1...





C'est la première fois que je vois des fauteuils de jardin aussi grands! Admirez les cartons à l'arrière. Ils ont disparu bien sûr depuis.

A chaque fois que je suis sur la terrasse, j'imagine Britney Spears en train de se prélasser au soleil, et de boire un mojito. Au lieu de faire ma star, je ramasse sans cesse les feuilles qui tombent sur la pelouse impeccablement tondue par Bobby2, traque les mauvaises herbes, arrose tous les soirs notre plantation de lavande et d'hortensias (la classe), le tout avec une étrange impression d'imposture.

Qui qui c'est qui profite de cette terrasse de folie ? Les Braillards bien sûr. Pas plus tard que l'autre jour, ils ont passé leur aprèm dans la piscine gonflable qu'on s'est empressés de leur acheter. Bon alors, le problème, c'est que 2 Braillards de sexe masculin de 6 et 4 ans jouant dans une piscine en rez de jardin, ça fait tâche avec l'atmosphère feutrée du lieu. Ils ont fait des combats dans l'eau, des foots dans l'eau, des parcours de Ninja Warrior dans l'eau... bref c'était plutôt une ambiance de piscine de banlieue pendant la canicule. Braillard2 s'est rapidement retrouvé le zizi à l'air, allez savoir pourquoi, pendant que Braillard1 faisait de la varappe sur les rebords en plastique de la piscine pour sauter dans l'eau, et accessoirement sur son frère. Le tout en hurlant, bien sûr. Hum, je me dois de préciser à ce stade de mon récit que les propriétaires de ce très beau produit, comme on dit dans les émissions immobilières de M6, étaient un couple sans enfant et pas beaucoup chez eux. Voyez le problème ? Nous dirons pudiquement que les voisins tout autour n'ont pas gagné au change. Moins pudiquement, qu'ils se sont bien fait niquer. 

Les Braillards s'éclatent mais y'a pas qu'eux. La chatte, à l'âge avancé de 13 ans, découvre qu'il existe un dehors et ça lui ouvre de nouveaux horizons. Elle rentre et sort toute la journée, a ses petits coins sous les haies (bien taillées) et se met à l'ombre quand il fait trop chaud. Pas encore un nouveau look, mais une nouvelle vie, c'est sûr. Elle s'est même fait un trip Koh Lanta l'autre jour, quand elle est restée dehors toute la nuit.. vous vous rendez compte à son âge !
Elle s'éclate
Dans cet havre de paix, on se remet des trop nombreux changements de ces derniers temps, on se retrouve en famille enfin au complet, on se ressource, on fait le plein d'énergie et on savoure la chance de vivre chez Paris Hilton.
Y'a plus qu'à s'acheter des pompes Gucci et on sera raccord...

Allez, tout de bon (au revoir/bonne chance, comme on dit en Suisse) !